A la découverte du patrimoine urbain du Conquet
Nous vous proposons de découvrir à travers quelques dessins et photos le vieux et riche patrimoine qu'offre la commune du Conquet. Les textes sont de J.P. CLOCHON (membre de ASPECT) et les dessins de André DORANGE (ancien Président de ASPECT et décédé; en 2006).
NOTA : A travers les différents dessins et photos agrémentants les écrits, prenez le réflexe de cliquer sur ceux-ci pour bénéficier des zoom proposés et selon l'article, la possibilité de faire défiler plusieurs photos en utilisant les flêches de navigation (pour les photos portant l'information dans la légende, ex : 1 of 3). Cette opportunité nécessite l'activation de Javascript dans les paramètres du navigateur pour la bonne visualisation des élements.
Les illustrations de cette rubrique sont issues des collections d'anciennes cartes postales utilisées dans le cadre strict du site internet ASPECT avec l'accord de leurs propriétaires, qui sont Messieurs Philippe GAY et Eric QUELLEC. Toutes les photos en couleur diffusées sur cette rubrique sont la propriété de Jean-François GUEIDAN, Webmestre de l'association ASPECT. Pour obtenir des photos et illustrations, veuillez contacter l'association ASPECT.
Le parc Beauséjour - L'ex Grand-Rue - La rampe Lombard - Le quai du Drellac'h - La corniche du Drellac'h - Le passage du Croaé - La maison des Seigneurs - Rue Saint Christophe - Rue Aristide Briand - La place Saint Christophe - Rue Dom Michel Le Nobletz - Rue Poncelin - L'église Sainte Croix
Le parc BEAUSEJOUR et la grande bâtisse
La grande maison de maître a été construite vers 1860 comme résidence particulière, par M. François TISSIER, industriel, promoteur de la fabrication de l'iode à partir des centres d'algues et directeur de l'usine de Poulconq.
En 1922, cette grande maison devient un hôtel, puis en 1935 la ville de Brest, alors propriétaire, y installe un centre de colonie de vacances.
Pendant la période de 1940 à 1944, les allemands y installent leur Kommandantur.
Après la Libération et jusqu'en 1975, les petits «colons» de Brest y reviennent en vacances chaque été.
Aujourd'hui, elle est la propriété de la Ville du Conquet où la municipalité a transféré la mairie en 2000.
L'ex Grand-Rue du Conquet
On y recense plusieurs maisons des XVIe et XVIIe siècles, époques où le négoce maritime enrichissait la bourgeoisie conquétoise.
Si les restaurations ont beaucoup dégradé les façades, quelques portes et fenêtres ont gardé leur état d'origine.
Une pompe ornait le centre de cette place; elle fut démontée en 1940, sur ordre des troupes allemandes, pour permettre le passage du convoi amenant à Keringar les énormes canons destinés aux batteries en construction. site sur la description de la batterie de Keringar.
Des éléments de la «pompe» ont été retrouvés récemment. L'association ASPECT souhaite voir le monument restauré et remonté dans le lieu du Conquet le plus convenable.
Tout au bout, dans l'axe de l'ex Grand-Rue, le LION D'OR, qui bordait l'ouest de la place du marché. Cette belle demeure du XVe ou XVIe siècle fut occupée par des maîtres de barques et des armateurs.
Sous Louis XIV, elle était la résidence de Fyot de Kerouanen, procureur fiscal de l'abbaye de Saint-Mathieu. On raconte volontiers qu'en 1776, Alexandre de Beauharnais y résida le temps d'une garnison. Le futur Général de l'armée du Rhin et mari de Joséphine, s'ennuyait fort au Conquet.
Rampe LOMBARD ou La rue du casse-cou
Elle porte le nom d'un maire du Conquet, qui y résidait au XIXe siècle. Sur la gauche en descendant (à droite sur la photo ci-contre), on remarque une grande muraille austère de la maison des Anglais ou Castel Coz, édifice bâti au XVe siècle directement sur la roche.
C'est un précieux témoignage de l'architecture militaire et civile du Moyen-Age.

On longe un peu plus bas, une maison du XVIe ou XVIIe siècle, elle aussi édifiée sur le rocher (on l'aperçoit ci-dessus sur la photo).
Quai du DRELLAC'H
Autre maison du XVIe ou XVIIe siécle, au bel appareillage de pierres, qui se prolongeait au Nord par un bâtiment à créneaux ou faux-créneaux. Elle fut une auberge "A LA CROIX VERTE" tenue par Jeanne La Vaillante (en 1627).
Le quai du Drellac'h était jusqu'à la construction des cales en 1836-38, une rue partiellement bordée de chaque côté de maisons à escaliers extérieurs.
Le seul accès pour les charrettes qui descendaient charger et décharger les navires à l'échouage était l'étroit plan incliné dallé de grosses pierres, encore intact entre deux maisons, à l'est du quai actuel.
A gauche du passage donnant accès à la mer se trouve un mur très ancien construit avec des pierres à angles multiples.
Avant d'y arriver, le promeneur ne manquera pas de s'attarder devant la maison du XVIIe siècle (deux familles pouvaient y loger, l'une au rez-de-chaussé, l'autre à l'étage), ainsi que la maison qui suit du XVIe siècle de construction très soignée.
Ces demeures furent construites par des bourgeois, négociants ou armateurs, aux époques les plus prospères du commerce maritime du Conquet.
La corniche du Drellac'h
La promenade peut se poursuivre par le chemin piéton de la corniche du Drellac'h. Descendre quelques mètres sur la cale menant au port pour prendre à droite un petit escalier évitant de passer devant le perron d'une maison portant la date de 1807. Cette demeure, probablement du XVIIe, a les fenêtres et la porte mises en valeur par de la pierre jaune provenant de Logonna-Daoulas (Rade de Brest).
Le pignon d'une maison en ruine, à l'ouest du lavoir, montre les pieds-droits d'une cheminée du XVIe ou du XVIIe siècle en granit (cliquer sur l'esquisse photo de gauche pour voir une photo). On peut juger là du raffinement intérieur de ces logis.
En face, maison de négociant d'époque XVIe ou XVIIe siècle (photo ci-dessous); elle possède une cale pour le débarquement des marchandises.
Côté port, le soubassement qui est au-dessous du niveau de la haute-mer, est constitué de grosses pierres de taille. Côté chemin, cette maison a été restaurée.
Plus à l'est, on rencontre une maison double du XVIe siècle avec un quai privé constitué de blocs de granit à angles multiples.
Accrochées au pignon est, on peut observer des latrines (cliquer sur l'esquisse ci-dessous pour voir la maison).
Le CROAE (de "ar grae" : la grève)
Ce fut un site de construction navale depuis le moyen-âge jusqu'à une époque récente (1992). Avant la construction de la passerelle à pont mobile pour le passage des bateaux, la traversée du bras de mer ne pouvait se faire qu'à basse-mer, à gué pour les cavaliers et les charrettes et, sur un chemin dallé pour les piétons. A haute-mer, les gens empruntaient le canot du passeur. Rappelons que jusqu'en 1961, la rive nord de l'aber du Conquet faisait partie de la commune de Ploumoguer. Arrivée à l'extrémité nord de la passerelle, à gauche, un long bâtiment s'abrite derrière un mur de protection : c'est un ancien magasin du Roi. Construit en 1758, il servait d'entrepôt pour les réserves en matériel et munitions des batteries côtières et de caserne pour les soldats garde-côtes. Plus à l'ouest, une construction en schiste : c'était la Corderie où les lépreux (caqueux) confectionnaient des cordages pour la marine.
A droite au bout de la passerelle, sous les grands pins, se dresse en bordure de grève le « manoir du Cosquies » grande maison bourgeoise édifiée autour d’un ancien corps de ferme.
De retour sur la rive sud : en continuant par la grève vers l'est, on arrive au manoir de POULCONQ, qui ne garde d'intéressant que sa porte gothique flanquée de colonnettes à chapiteaux. Le manoir appartenait à la famille Le Veyer de Poulconq qui blasonnait "de gueules au Lion d'Or".
Plus à l'est encore, on découvre les restes des bâtiments industriels du plus ancien établissement de production d'iode en France. Ouvert vers 1829, il a fermé ses portes en 1955.
La maison des Seigneurs
Incontournable dans une visite du Conquet, elle se voit différemment de la rue Troadec (nom de cartographes du Conquet au XVIIe siècle), cette façade a été remaniée au XVIII siècle, et du port, où elle présente son élévation austère de maison forte, bâtie ou rebâtie en 1510 par Jean Poncelin. L'histoire de cette demeure a fait l'objet d'un livre rédigé par Madame Hélène DESPARMET qui en fut la propriétaire.
La maison des Seigneurs et la Louise :
Monsieur Rigollet, négociant et maire du Conquet décide de lancer l’exploitation d’une ligne pour les passagers par bateau à vapeur . Son navire la Louise commence son service en 1881. Pour la « logistique » du navire Rigollet achète la maison des Seigneurs, le charbon pour la chaudière du navire y est stocké, un bassin dans le petit jardin à l’ouest sert de citerne à eau. De forts madriers sont plantés le long du mur qui surplombe la grève, une grue rudimentaire permet de descendre les paniers de charbon dans la cale de la Louise qui accoste le long des escaliers. On remarque les rochers percés ou aménagés pour le passage d’aussières, il est probable qu’ils existaient déjà ainsi avant la Louise.
Rue Saint Christophe
Elle porte le nom d'une chapelle aujourd'hui disparue. Dans cette rue, une maison rustique aux portes et fenêtres à linteaux cintrés des XVIe ou XVIIe siècle ; emploi intéressant de la pierre de Logonna qui rend l'ensemble plus lumineux dans une rue sombre. En juxtaposition de celle-ci, une maison bourgeoise du début XVIIIe siècle en pierres de taille et à fenêtre d'angle.
Rue Aristide Briand (ancienne rue Marie Lagadec)
La maison du XVIIe siècle présente en façade deux portes : l'une pour l'entrée du logement, l'autre donnant sur "la boutique". Les épouses des marins tenaient généralement un petit commerce d'épicerie, de tissus ou de quincaillerie au rez-de-chaussée de leur demeure. A l'étage, une petite fenêtre d'angle, très typique de notre région ; ouverture discrète et toujours bien placée pour observer commodément la rue...
Dans le virage de la rue, la maison dite du "dîmeur". Sur la grande dalle de granit, au bas de la fenêtre, se faisaient les opérations administratives : le dîmeur percevait au nom du vicomte de Léon, du Duc de Bretagne ou des religieux de Saint-Mathieu, les redevances correspondant aux "brefs de sauveté, de victuailles ou de conduite" dont devaient se munir les capitaines marchands.
Après la réunion de la Bretagne à la France, le dîmeur a été remplacé par un "voyer des Ports et Hâvres", receveur des droits pour le roi, charge tenue jusqu'à la révolution par les Kersauzon de Goasmelquin, seigneurs de Kerjan-Mol.
Place St Christophe (nom d'une chapelle aujourd'hui disparue)
A l'angle de la rue Dom Michel LE NOBLETZ, se dresse le pignon d’une grande maison à fenêtres d’angle, construite probablement au XVIIe ou XVIIIe siècle sur l’emplacement de l'ancien manoir de la Rochedurant, qui fut au moyen-âge, une des principales seigneuries du Conquet. La porte de la cave en plein cintre porte un écusson ovale, martelé à la Révolution
Rue DOM MICHEL LE NOBLETZ
Chapelle Dom Michel ou ND de Bon Secours..., à l'origine maisonnette où est mort l'évangélisateur Léonard (1652). A l'intérieur de l'oratoire, autrefois très fréquenté par les marins, il est intéressant de consulter les copies de quelques "taolennous". Dom Michel se servait de ces images peintes sur ses directives par des femmes initiées à l'art de la cartographie, pour frapper l'imagination de ses "ouailles". Premier catéchisme en images.
Rue Poncelin
A proximité de l'église, une maison datée de 1814 montre au-dessus de sa porte un écusson surmonté d'une crosse. Il provient de Saint-Mathieu ; ce sont les armes de l'abbé Hamon Barbier (mort en 1544).
Proche de celle-ci, une maison du XVIe ou XVIIe siècle présente une belle porte en anse de panier surmontée d'une accolade.
L'église Sainte CROIX du Conquet
Elle est de construction récente : plan ogival gothique de 1856. La pierre de construction vient des carrières de Laberildut, des Blancs-Sablons et aussi de la démolition de l'église de Lochrist et de la chapelle Saint-Christophe. Les statues et les éléments de décorations, moulures, pinacles, statues... viennent de l'église de Lochrist édifiée fin XVe, début XVIe siècle.
Au-dessus du portail (début XVIe siècle), remarquable Christ de Pitié, mains liées, dépouillé de ses vêtements, attendant le supplice. Sur la droite, Saint-Jean Evangéliste; l'aigle tient l'encrier du saint dans son bec. A gauche, une statue controversée : Saint-Mathieu (à cause de l'ange qui se cache dans les plis de son manteau) ou un personnage féminin (Sainte-Marguerite peut être ?).
Aux angles de la façade : Saint-Yves, patron des avocats d'un coté et Sainte-Barbe en corselet du XVIe siècle, accompagnée de sa cour, de l'autre. Des sculptures diverses : animaux fabuleux ou personnages agrémentent les chevronnières.
A l'intérieur de l'église : mausolée de Dom Michel le Nobletz (1577-1652), tombeau en marbre et statue en terre cuite du missionnaire breton par Caffieri (1750).
Derrière le tombeau, statue de Saint-François d'Assise portant les stigmates, oeuvre de Roland Doré, sculpteur breton du début XVIIe siècle. Le porte-cierge, classé à l'inventaire général des monuments historiques, est du XVIIe siècle. La maîtresse-vitre (XVIe siècle), monument historique classé, décrit la passion du Christ. Très endommagée en 1944, elle a été restaurée par les Beaux-Arts. A gauche de la nef, une vierge à l'enfant : cette statue en bois se trouvait dans une niche, à l'extérieur de l'église, en haut du chevet. Le dessus de la tête de Marie, picoré par les oiseaux est très dégradé. A l'origine, la statue était polychrome.